Près du vieux saule tordu

"Ta fille comme tu le dis... Nous avons toutes les deux 23 ans. Tu imagines, une belle-mère qui a le même âge que sa belle-fille !"


Elle embrassa le front de Walter.


"D'ailleurs... ma réputation me précède... Je ne sais pas comment elle acceptera notre relation."


Elle commença à frotter le bout de son nez contre son visage un peu comme un chat qui réclame des caresses.

"Toujours les mots pour me rassurer... Mais si Maëla est ta fille, elle a dû hériter de ton fort caractère. C'est le genre qui détestera a fond ceux qu'elle n'aime pas. Enfin... Je vais choisir de te croire. C'est bien parce que je tiens à toi."


Elle ne se résignait pas à dire "Je t'aime", ce qui lui semblait sonner trop faux. Certes, Walter l'attirait énormément mais elle avait presque peur de ressentir plus que cela et d'être blessée à la longue.

"Mmm... Quelle amusante comparaison ! Je serais ta représentation mais en plus jolie... On se ressemble à ce point ?", dit-elle en lui souriant en retour.


"Alors... On pourrait fêter ça ? Après tout, ce n'est pas tous les jours que je m'acoquine avec un directeur d'école de 13 ans mon aîné !"


Elle avait dit cette phrase avec une étincelle espiègle au fond des yeux et le sourire sur ses lèvres était devenu légèrement moqueur.

"Mais non, pas du tout. Ne dit-on pas que l'amour n'a pas d'âge ?", dit-elle en riant. "De plus... J'aime les hommes qui ont de l'expérience."


Elle pressa la main de Walter dans la sienne et effleura sa joue de l'autre main pour ensuite déplacer une mèche de ses cheveux dans un geste tendre. Elle déposa sa tête sur son épaule tout en continuant de marcher à ses côtés.

"Merci du compliment pour mes cheveux, très cher. Mmm... Audacieuse ? Ça doit être une qualité refoulée quelque part en moi. Si tu veux absolument le savoir, tu n'as qu'à me tester. J'aime les défis. Mais bon, je garde ma dignité tout de même.", termina la jeune femme avec un clin d'oeil.

Jézabel resta pétrifiée, les yeux grands ouverts. Elle ne s'attendait pas à une telle révélation. Son esprit refusait d'y croire. La gorge sèche, elle planta son regard dans celui de Walter.


''Vous... êtes sérieux ?"


Son coeur battait si fort qu'elle croyait qu'il allait sortir de sa poitrine. Ce même coeur qui sentait aussi naître une étincelle d'amour tout au fond... Un phénomène auquel elle ne s'attendait pas réellement.


"Vous... vous m'aimez, Walter ?"

Jézabel se serra contre Walter, la tête dans le creux de son épaule. Elle emprisonna l'homme dans ses bras, pressant son corps contre le sien à la recherche de réconfort. Un serrement inexplicable lui broya le coeur et lorsqu'elle ferma les yeux, une larme coula sur sa joue gauche qu'elle laissa le vent sécher.

"Non, mon amour... Tu n'as rien fait de mal... C'est moi, c'est tout... Mais c'est compliqué, ne cherches pas à comprendre... "


Jézabel essuya ce qui restait du sillon laissé par ses larmes et esquissa un sourire mélancolique.


"Il a longtemps qu'on n'a pas été aussi attentionné avec moi. Tu me combles à un point que tu ne pourrais imaginer. Au début, je considérais notre relation comme un jeu délicieusement pervers... mais avec le temps, j'ai appris à te connaître... Et je t'ai apprécié encore plus. J'ai découvert un homme formidable derrière ces caresses qui me font tant de bien. Et même si je sais que je ne t'aurai jamais entièrement... Saches que tu comptes beaucoup pour moi."

Jézabel leva ses yeux, maintenant secs, sur Walter.

"Nous avons tous besoin d'amour. Et nous avons tous des failles... Bref, oublions cela. L'important c'est l'instant présent."

Un petit sourire maléfique éclaira le visage de Jézabel.


- Quelle bonne idée... Nous pourrons enfin détruire cette école de minables et imposer notre loi. Qui comptes-tu envoyer là-bas ?

Jézabel se lécha les lèvres, satisfaite.

- Le plus vite nous aurons infiltré Galdinnor, le mieux ce sera. De plus, nous avons une occasion en or, si Arielle est la cousine du directeur comme tu le dis. L'approcher sera un jeu d'enfant.