Près du vieux saule tordu

Le vieux saule tordu était un arbre gigantesque qui faisait partie de la cour de Karghalys depuis sa construction. Il avait toujours été là, ses énormes racines serpentant dans la terre et son énorme tronc penché au sommet duquel poussaient de grosses branches couvertes de feuilles d'un beau vert foncé.


Jézabel, tenant Walter par la main, le conduisit près de l'arbre. Elle s'assit sur l'une des racines qui était si grosse qu'elle formait un banc naturel, sans lui lâcher la main.


"Je savais que ça finirait comme ça. Regarde, elle essaie de t'attendrir en se mutilant. Ce que c'est stupide..."


Elle fit s'asseoir Walter à ses côtés et l'enlaça très fort dans ses bras.


"Je déteste jouer les oiseaux de malheur."

Elle baissa les yeux.


"Je pense la même chose. Souvent, j'ai l'impression que le jeu nous rattrape. Je ne sais plus où j'en suis."


Son regard rencontra de nouveau celui de Walter.


"De toute manière, je me suis habituée à ne rien ressentir depuis la mort de Geoffrey... Pourquoi voudrait-on aimer une coquille vide ?"

"Normal que je sois contrariée... Je n'aime pas quand on m'enlève mes jouets...", dit-elle avec une moue d'enfant boudeuse.


Elle caressa la joue de Walter.


"J'avoue que parfois... Je me demande si je ne ressens pas quelque chose au bout du compte... Mais voilà, j'ai peur de ressentir. Et de toute manière, je l'ai dit à la petite... Tu ne m'aimeras jamais comme tu l'aimes... Elle. Ta fille."

Jézabel sourit.


"Mmm... Je vais choisir de te croire sur ce point... Mais j'avoue être sceptique quant à la pureté de tes sentiments pour elle... Enfin... Et moi, tu te poses des questions parfois ? Tu n'as pas l'air trop tourmenté à vrai dire."

"Merci Walter...Vous savez, je ne me confie pas à n'importe qui... Considérez-vous chanceux.", dit-elle en lui faisant un clin d'oeil.


"Ma vie n'a jamais été facile... Et il est rare que j'aie goûté au bonheur, contrairement à ce qu'on peut penser.", murmura-t-elle d'une voix presque inaudible.

"Votre présence me fait déjà du bien. Ça me rend déjà beaucoup plus heureuse."


Elle serra plus fort Walter dans ses bras.

Elle se laissa embrasser, émue par la tendresse dont Walter faisait preuve.


"Je suis prof de divination... J'ai appris à croire au destin. Même si il ne me donne pas toujours ce que je veux."

"C'est vrai. Vous avez parfaitement raison. Mais les sentiments sont toujours dur à prédire, qu'on le veuille ou non. On peut avoir des indices grâce à la Divination, mais il y a toujours une part d'inconnu dans l'amour..."


Elle déposa sa tête sur l'épaule de Walter.


"Mais après tout... Si nous savions tout d'avance, la vie serait beaucoup moins palpitante, non ?"

"Chaque événement a sa raison d'être. Même les moins plaisants. Les erreurs sont faites pour apprendre des choses aux êtres qui les font. Ce n'est qu'une manifestation purement humaine..."


Elle posa ses mains sur ses hanches et gardant sa tête sur son épaule, déposa un léger baiser à l'endroit où la peau de son cou était visible. Même si la tristesse étreignait toujours un peu son coeur, sentir le support de Walter lui faisait du bien.

Jézabel s'écarta un peu de Walter pour le regarder dans les yeux et éclata de rire.


"Nous deux en couple ? L'idée est séduisante mais... Pensez-vous que cela sera bien accepté ?"

"De l'amour ? Mais pourtant tes sentiments pour moi ne sont pas très forts... Tu l'as dit toi-même. Ce ne serait pas essayer de rendre réel ce qui ne l'est pas ?"


Elle sembla réfléchir pendant un instant.


"L'idée me plairait. Il serait bien d'avoir plus de consistance dans notre relation. Nous avons tous besoin d'amour... Mais en même temps, je sais que tu ne m'aimeras jamais réellement..."


Puis, elle noua ses bras autour de son cou.


"Et puis, pourquoi pas ? Peut être qu'on bâtira quelque chose d'intéressant toi et moi ? En espérant que certaines personnes ne le prennent pas trop mal."

Elle éclata de rire et fit un petit clin d'oeil coquin.


"Yeah... Fidelity. We can do it, don't you think ?"


Elle l'embrassa tendrement.

"Après tout... Comment pourrait-on se passer l'un de l'autre ?"

"J'aime les défis. Et si nous ne sommes pas fait pour aller ensemble... On aura eu du bon temps."

Elle embrassa langoureusement son nouveau concubin.


"Alors, je dois t'appeler mon chéri maintenant ? C'est plutôt drôle. My darling..."